Le monde est une invention sans futur
Andrea Mastrovito
2020
J’ai rencontré pour la première fois Andrea Mastrovito alors qu’il finissait d’installer son nouvel atelier à Bergame. Je le revois parler avec émotion de son retour en Italie, ce pays qu’il chérit tant et qui l’inspire au quotidien, déballer ses œuvres avec ardeur sur fond de musique métal, parler de ses projets en cours, de l’Histoire, de l’actualité particulièrement brûlante, du cinéma et du football évidemment, sa passion ultime.
Après avoir sillonné Bergame toute une journée à la découverte de ses œuvres dans l’espace public, mais aussi de la magnifique église Saint-Jean XXIII où il réalisa les vitraux de l’abside figurant la Passion du Christ, je continuais de m’émouvoir de cette personnalité atypique et plus généreuse encore que je ne l’avais imaginé.
J’avais beau découvrir une grande variété de formes et d’expressions dans son travail, je m’apercevais qu’Andrea Mastrovito se souciait toujours, en définitive, de la place de l’Homme dans l’ordre naturel. Ses préoccupations étaient plus philosophiques et métaphoriques que purement politiques ou écologiques. Sa grande culture historique, mais aussi rock et punk, me ravissait tandis que son regard sur les choses du quotidien continuait de m’interpeller.
Dès lors, collaborer avec cet artiste virtuose me semblait essentiel, avec l’envie de lui lancer un défi de taille : métamorphoser le centre d’art de la Fondation Bullukian en un nouvel édifice majestueux et ancré dans la réalité, à la manière d’une cathédrale du XXIe siècle. Sa rigueur de travail, sa sensibilité et son talent créatif feraient de cette exposition une aventure singulière et forcément inoubliable.
Et c’est ce qui allait se produire. Tout à la fois monumentale par son envergure, majestueuse dans sa réalisation, mais aussi particulièrement intimiste, l’exposition Le monde est une invention sans futur est un voyage sentimental dans les époques et les techniques, tout en témoignant d’une actualité particulièrement alarmante.
Conjuguant poésie et audace, Andrea Mastrovito est l’un de ces artistes qui forcent l’admiration car il ne se soustrait à aucune chronologie ni à aucun médium. Il est de ceux qui contribuent avec talent à faire changer notre regard sur le monde qui nous entoure.
Fanny Robin
Directrice artistique de la Fondation Bullukian